PROLOGUE : Incertitudes.
Seul dans la cale du bateau, j’aiguisais la lame de ma Grande Epée. Je n’avais encore jamais vu un monstre du gabarit de celui que je m’apprêtais à affronter. Réussirais-je à la vaincre ? Allais-je seulement survivre ? Toutes ces questions semaient le trouble dans mon esprit. Cependant, je devais être fort ou, du moins, le paraître. Après tout, c’était moi qui avais entraîné Sorryn là-dedans. Je ne devais pas céder à la confusion, je devais garder intacte toute ma détermination !
Soudain, le navire trembla avec une telle force que je fus projeté au sol et percutai un mur de la cale. Je me relevai péniblement en gémissant comme un jaggi apeuré. Sans prévenir, la porte s’ouvrit et apparut une silhouette. Sur le seuil, une jeune fille était en train de reprendre son souffle. C’était Sorryn.
- « Trevi ! » s’écria-t-elle. « C’est terrible, le… le Jhen… »
- « Sorryn, ne t’inquiète pas ! » dis-je en la prenant dans mes bras. « Je m’en occupe, restes à distance ».
Je quittai la pièce, laissant mon amie seule. Peut-être n’aurais-je pas dû insister pour qu’elle m’accompagne. Au début, elle était réticente, pensant qu’elle n’avait pas le niveau. Mais moi, je croyais en son potentiel ! De toute façon, je ne pouvais laisser mon esprit vagabonder ; l’heure n’était pas aux remises en questions.
Je stoppai net ma progression. Devant moi, une gigantesque créature s’agitait : le Jhen Mohran. J’étais comme paralysé, tétanisé par la peur. Secouant la tête, j’essayais de reprendre mes esprits. Je regardais les alentours lorsque j'aperçus mes autres compagnons d’arme. Flenn était posté au canon, à la baliste était posté Kevers.
- « Ah, Trevi ! Tu tombes bien ! » commença Kevers.
- « On commence à faiblir. Attaque la patte, tu veux ? » continua Flenn.
- « Désolé du retard, les gars. Sans rancune ? » dis-je en guise d’excuses.
- « Bat-toi au lieu de parler. » répliqua-t-il en chargeant le canon.
- « Toujours fidèle à toi-même, Flenn. OK., je prends la patte »
M’avançant au bord du bateau, je dégainai ma lourde épée, la brandis au dessus de ma tête puis l’abattis sur l’énorme patte avant du titan. Cependant, la peau du monstre étant d’une rigidité à toute épreuve, mon arme rebondit et me fit reculer. Après plusieurs tentatives, je réussis enfin à entailler la patte du monstre qui gémit et se mut dans tous les sens. Profitant de ce court répit, je me retournai pour constater de l’étendu des dégâts. Au sol, des trous immenses, étaient visibles. Je relevai la tête et aperçus Sorryn.
- « Je vais me battre avec vous ! » lança-t-elle avec conviction.
- « Tu en es bien sûr ? » demandai-je, inquiet.
- « Oui, je suis désolée d’avoir hésité. Je vous couvrirai »
- « Je ne veux pas vous déranger mais… » commença Kevers.
- « On a un monstre à combattre. Alors la séquence émotion, plus tard ! » termina Flenn.
- « Oui, désolé. C’est quoi ces trous ? » demanda-t-elle.
- « Ils ont été causés par les rochers que nous envoie le Jhen Mohran depuis tout à l’heure. » expliqua Kevers.
- « Je vais lui montrer à… » dis-je sans pouvoir terminer.
Venus du ciel, des rochers percutèrent le sol. Je vis Kevers passer par-dessus le bateau et échouer dans le sable, lui-même percuté par un rocher. Flenn avait esquivé, prévoyant l’attaque. Immédiatement, il chargea puis tira un boulet de canon. Quelle agilité ! Et quel sang-froid ! Je cherchais Sorryn du regard puis l’aperçue, écroulée sur le sol. Etait-elle inconsciente ? Je me précipitai vers elle lorsque le titan frappa le navire de ses longues cornes. Brisant une bonne partie du bateau dans son attaque, il m’emporta au retour. Frappé, je tombai dans le sable. Je m’accrochai rapidement à un débris du drakkar. Je me laissais porter par le sable, blessé et exténué. Mais le monstre se dressa devant moi. J’étais si près de lui. Jamais je n’avais eu aussi peur. Le Jhen Mohran plongea dans le sable. Je soufflai. Pourquoi m’avait-il laissé en vie ?
- « Treviiii !!! » hurla Sorryn, qui avait reprit conscience.
Je sentais que quelque chose n’allait pas. Mais quoi ? Remontant des entrailles de la terre, le titan surgit du sable et frappa de sa corne le débris qui me faisait office de radeau. Je fus projeté lourdement dans les airs. Et là, plus rien. Le néant total…
Chapitre 1 : Chasse, honneur et amitié
Originaire de Trüskka, un petit village situé en bord de mer, mon père est mort très jeune. C’était un chasseur accompli et reconnu au village. Il n’a jamais chassé en dehors des frontières de Trüskka mais les villageois avaient très tôt fondé tous leurs espoirs en lui. En effet, vivant essentiellement de la pêche et de la chasse, ils avaient grand besoin de chasseurs compétents. Avec son talent, mon père aurait pu assurer une vie confortable aux habitants du village puisque la guilde des chasseurs pouvait offrir de grosses récompenses en fonction du monstre chassé, et encore plus pour sa capture. Mais un jour, mon père parti pour ne plus revenir. Nous n’avons jamais retrouvé son corps alors, nous en avons conclu qu’il était mort.
Pour les villageois, bien que profondément attristés par sa disparition, il ne faisait aucuns doutes que je prendrais la relève de mon feu père. Or, je nourrissais d’autres ambitions. Je désirais devenir écrivain. Mais, comme on me l’avait déjà fait remarquer à plusieurs reprises, ce n’était pas comme ça que je gagnerais ma vie. Il faut dire que je n’avais pas la même mentalité qu’aujourd’hui. A l’époque, j’étais un petit garçon frêle et timide. Fortement marqué par la mort de mon père, je passais mes journées à broyer du noir. C’est alors que je rencontrai Sorryn. Douce et souriante, elle m’a aidé à reprendre ma vie en main.
Je devais avoir une dizaine d’année lorsque ce tragique accident se produisit. Peu de temps après, je vis arriver une jeune fille accompagnée de son grand frère au village. En me renseignant auprès des villageois, j’appris qu’il venait d’une famille de chasseurs nomades. Cependant, lors d’une chasse ayant mal tournée, leur géniteurs y laissèrent la vie. Je me posais bon nombre de questions sur ces deux jeunes inconnus. Ils avaient connu la même tragédie que moi et sans doute traversé les mêmes épreuves. Je voulais faire leur rencontre, pour avoir enfin quelqu’un à qui parler, quelqu’un à qui me confier. Peu de temps après, mon vœux se réalisa : je fis enfin la rencontre de Sorryn. Cependant, j’aurai aimé que ce soit dans d’autres circonstances. C’était à forge, alors que je venais pour acheter une arme.
- « Oh, bonjour. Je m’appelle Sorryn. Tu viens chercher une arme, toi aussi ? » avait-elle demandé.
- « Oui … » avais-je répondu froidement.
- « Qu’est-ce qu’il y a ? Quelque chose ne va pas ? »
- « En fait… Je ne veux pas devenir chasseur. »
- « Bah… Pourquoi tu veux une arme alors ?» avait-elle aussitôt répliqué, surprise.
Je lui ai donc expliqué ma situation en détails. Mon père mort, je devais moi-même payer mon loyer. Or, je n’avais pas un sou. En la chasse résidait donc mon seul espoir de survie. Bien sûr, j’aurai pu devenir pêcheur mais j’aurais déshonoré la mémoire de mon père. Assurément, les villageois ne me voyaient pas exercer un autre métier que celui de chasseur. Avec toute cette pression, je me sentais obligé de m’engager sur la voie de la chasse.
- « Tu ne veux pas devenir chasseur alors… » avait-elle commencé, déçue. « Moi, c’est mon rêve ! Avec mon frère, on deviendra des chasseurs de renoms ! De vraies légendes ! »
- « Si tu le dis. Je ne suis pas vraiment enthousiaste à l’idée de finir comme mon feu père. »
- « Tu n’as pas le droit de dire des choses comme ça ! Il est mort en faisant ce qu’il aimait, c’est une bonne chose. »
- « Et me laissez seul derrière en laissant mourir maman, c’était une bonne chose ça ?! » avais-je crié en courant, les larmes aux yeux.
En effet, ma mère était malade lorsque mon père est mort. Lorsqu’elle apprit pour celui-ci, elle se laissa dépérir. Oui, elle mourut de chagrin. Pendant très longtemps j’ai considéré que c’était de la faute de mon père. Cependant, j’ai fini par réalisé qu’il s’était donné à fond chaque jour pour pouvoir l’aider à guérir. Après tout, peut-être était-ce de ma faute si je n’avais pas été assez important pour que ma mère se batte pour reste en vie…
Quelques jours plus tard, je rencontrai à nouveau Sorryn. Elle s’excusa et m’invita à la rejoindre, elle et son frère, devant la porte du village dans l’après-midi pour se lancer dans une première quête. Bien que réticent, j’acceptai son offre. Arrivant au lieu du rendez-vous, j’aperçus un jeune homme aux côtés de Sorryn. Il était grand et brun et semblait plutôt costaud. C’était déjà un adulte, en comparaison à nous deux. Il portait, sur son dos, une Grande Epée. La même que celle que je porte actuellement…
Chapitre 2 : La naissance d’un chasseur
- « Trevi, je te présente mon frère, Askyn. »
Pendant quelques minutes, nous nous dévisageâmes. Askyn suscitait l’admiration : grand, brun et robuste, il dégageait une sorte d’aura extraordinaire. A côté de lui, je me sentais petit. Il était équipé d’une grande épée constituée d’un pommeau de fer lui-même ornée de l’inscription dorée « Hunting Blade ». Quant à la lame de l’arme, elle restait dans les tons grisâtres sur les bords mais était plus sombre au centre. De mon côté, j’avais acheté une petite épée en os munie d’un bouclier mais rien de comparable. D’ailleurs, celui-ci ne manqua pas de me le faire remarquer :
- « C’est une véritable arme d’amateur que tu as là. »
- « Askyn, arrêtes. » intervint Sorryn. « Tu l’intimides. »
- « Mouais. En tout cas, il n’a pas intérêt à nous gêner. Je ne voulais déjà pas que tu viennes, et toi tu invites un gamin. »
Je ne répondis rien, mais n’en pensai pas moins. Pour qui se prenait-il celui-là ? Et Sorryn, qu’est-ce qui lui avait pris de m’inviter ? Je n’étais déjà pas à l’aise à l’idée de me lancer dans ma première chasse, si en plus son frère me mettait la pression, je n’allais pas m’en sortir. Instinctivement, j’attrapai son bras et la tirai vers moi pour lui murmurer ces mots-ci :
- « Je ferais mieux de vous laisser y aller seuls. Je n’ai jamais chassé. »
- « Mais non, ne t’inquiète pas ! » rétorqua-t-elle.
- « Je ne veux pas vous gêner… »
- « Moi aussi je n’ai jamais chassé, alors c’est pas grave ».
- « C’est pas bientôt finis ces messes basses ? » s’écria Askyn.
Ainsi, nous partîmes en quête. Celle-ci n’était pas bien compliquée, il fallait tuer une dizaine de jaggis. Néanmoins, il y eu plus de complications que prévu. Face à ces petits monstres aux dents aiguisées, je restais immobile. Je n’avais pas particulièrement peur, c’est juste que j’imaginais ma lame s’enfoncer dans le corps du monstre et le sang me gicler à la figure. De leur côté, Sorryn et Askyn éliminaient rapidement les jaggis des environs, tant et si bien qu’ils eurent rempli les conditions nécessaires à la réussite de la quête en un rien de temps. Askyn s’approcha alors de moi.
- « Sorryn, ne tues pas le dernier. Il est pour Trevi. » expliqua-t-il.
- « Quoi ? Moi... » répondis-je.
- « Oui, toi. Tu crois pouvoir profiter de la récompense alors que tu n’as rien fait ? »
- « Askyn… » commença sa sœur.
- « Trevi, élimines ce foutu monstre. »
- « D’a... d’accord» dis-je faiblement.
Prenant mon courage à deux mains, et un peu d’élan par la même occasion, je m’élançai sur le petit monstre, sautai et abattis mon épée sur lui. Comme je l’imaginais, je sentis ma lame perforer les organes du monstre et le sang s’en échappé, éclaboussant ainsi mon visage. Cependant, cette sensation n’était pas aussi horrible que je l’imaginais : elle était presque agréable. C’était comme si quelque chose qui était brisé en moi depuis la mort de mon père venait d’être réparé…
- « Ouah, tu l’as vraiment fait Trevi ! Je suis fière de toi ! » me lança Sorryn.
- « Tu vois, quand tu veux… » dit ensuite son frère.
Mais, je ne les écoutais pas. J’étais encore sous le choc. C’était comme si tout ce temps je m’étais persuadé que je n’étais pas fait pour être chasseur et qu’en une fraction de secondes, je découvrais que je ne faisais que refouler en moi cette irrépressible envie de chasser et, par conséquent, de prendre la relève de mon père.
- « Trevi ? Qu’est-qu’il y a ? » demanda Sorryn.
J’avais repris conscience du monde qui m’entourait, mais j’étais de nouveau immobile. Fixant mes camarades, je levai lentement le bras pour pointer du dois la silhouette monstrueuse qui s’approchait dans leurs dos. J’avais, sur ma table de chevet, un livre illustrant les différents monstres que les chasseurs pouvaient rencontrer dans différents lieux. Et je reconnus immédiatement la créature qui s’approchait…
- « Attention ! C’est un Grand Jaggi » m’écriai-je.
D’un réflexe, Askyn poussa sa sœur, tira son épée et se mit en garde. L’empereur jaggi frappa la surface plane de la lame et projeta Askyn qui glissa sur plusieurs mètres. Je me précipitai alors pour aider Sorryn qui était à terre suite à l’intervention de son frère. Pour protéger ma camarade, je me mis mon bouclier en avant. Par la puissance de l’attaque, celui-ci s’envola et retomba un peu plus loin. Je me relevai rapidement, de nouveau il chargea dans ma direction. Je plaçai mon épée devant moi à l’horizontale. Elle le bloqua quelques instants mais, redoublant d’efforts, le monstre m’envoya promener un peu plus loin. Je restais au sol, exténué et blessé. Heureusement, Sorryn était hors de danger et tirait sur lui avec sa fusarbalète. Son frère s’était rapproché du monstre et lui infligeait d’importants dommages au corps à corps. Le Grand Jaggi ne tenu que très peu de temps sous la brutalité de ses assauts. Le combat terminé, Askyn s’approcha de moi et me tendit sa main. Je l’attrapai et me laissai tirer.
- « Une épée ne sert pas à protéger mais à punir. » dit-il froidement.
- « Quoi ? » répondis-je.
- « Tu a essayé de protéger Sorryn. Tu aurais déjà du essayer de te protéger toi-même. »
- « Askyn, il m’a sauvé la vie ! » rétorqua sa frangine.
- « Que veux-tu dire par punir ?» demandai-je
- « Ce sont ces satanés monstres qui ont tué ma famille. Je dois me venger et tous les punir. Leur châtiment, c’est la mort. »
- « Ne dis pas ça Askyn, nos parents sont morts parce qu’ils ont choisi ce mode de vie ! » expliqua-t-elle.
- « Il n’ont pas choisi de mourir ! » hurla-t-il.
- « Ils était conscients des risques ! » répliqua-t-elle sur le même ton.
Je me sentais un peu à l’écart de cette petite réunion de famille et en même temps coupable d’avoir posé la question. Cependant, je me rendais compte que tout le monde ne devenais pas chasseur pour les mêmes raisons. Alors que Sorryn exerçait la chasse comme une passion héritée de ses parents, Askyn chassait pour les venger. De mon côté, les raisons de mon engagement restaient ambiguës : un savant mélange de passion accompagnée d’une terrible envie de tuer et d’une étrange envie de poursuivre les traces de mon père. Quoiqu’il en soit, la suite promettait d’être riche en rebondissements.
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Trop Trop Trop classe!!!!!!!!!!!!!!!!!!j'adore se que tu a écrit on a vraiment l'impression d'etre dans une vrai chasse.Ecrit un livre!non je rigole sinon a quand la suite???
J'suis pressé d'avoir la suite !!
